vendredi 24 juin 2011

Quelle bêtise !


    Mor en a fait une grosse, de bêtise. Il s'est mis à discuter, sans en savoir plus que rien du tout, d'une cryptique technique d'un art encore plus raide, avec un inconnu qui s'est révélé par la suite, être un fameux maître d'armes en ces ferraillages emberlificotés. Quel idiot ! « Mor, sot de toi ! Ne pouvais-tu point la fermer ? » se reprochait-il à voix haute, atterré par l'immense masse de sa stupidité. Il ne pouvait accepter de révéler ainsi, si bêtement, la tragique nullité de son savoir-faire en ce genre d'affaires. Nul n'étant tenu à s'exposer nu à la vindicte d'un maître-artiste, sorcier entre tous les sorciers, Mor aurait dû se taire. C'était, avant la première cueillette, la fin des haricots qu'aurait pu récolter sa nouvelle carrière. Une solution et vite, qu'il devait trouver. Il n'avait pas d'autres moyens, afin de dissimuler et rattraper l'embrouille, que de potasser contre la montre et sa bêtise, déduisit-il.


    Escalier dévalé de huit en huit, ramassé en bas mais prestement relevé, Mor se précipita chez le bouquiniste du coin où il dénicha, suite à de fébriles et pressées recherches entre un capharnaüm de mites rongeant des histoires à dormir debout, un ancien traité, étrangement peu malmené par les avides mains curieuses des archéologues du savoir. Intelligence Artificielle pour les Nuls, que s'appelait ce vieux grimoire. Mor, dubitatif, l'énorme tome entre les mains, s'approcha des lunettes de la grise momie à la blouse poussiéreuse qui surveillait, retranchée derrière son comptoir, haut parapet dressé entre elle et les autres, les trésors alignés sur les étagères brinquebalantes. « Dites-moi, mon bon monsieur, le titre de cet ouvrage ne serait-il point un triple oxymoron ? Pourriez-vous m'en commenter sommairement le contenu ? » lui demandait Mor, en usant de toute l'extrême courtoisie dont il était habituellement incapable. « Il faut payer pour voir », que répondit l'insolent préposé, « comme à la belote américaine », qu'il enchérissait sans daigner se fendre d'un regard. Pire qu'une gifle, le sarcasme résonnait encore entre ses oreilles pendant qu'il déposait humilié, sur le comptoir, les quelques sous durement gagnés au risque de sa sainte liberté, à la pêche au tronc de la paroisse. Tant pis, il se passerait de dîner. Il n'avait pas le choix. Il lui fallait sortir de l'ornière où sa bête inconscience avait empêtré sa toute nouvelle réputation pourtant bien méritée.

    Regagnées ses pénates, soigneusement essuyées ses lentilles cerclées de fil de fer retordu, il se plongea dans l'étude, pages après pages qu'il fallait décoller tant le savoir était comprimé dans cette encyclopédie condensée de l'intelligence. Pour nuls, certes, se disait Mor, mais si d'aventure ce livre faisait un tabagique succès, en moins de temps qu'il ne faut pour le lire, il ne resterait plus un seul con sur terre. Pour tout dire, ce charabia ne se lisait pas, il se calculait. Mor était vidé. Pourtant, peu à peu, assez très peu d'ailleurs, cela entrait. Les signes bizarres prenaient un sens inversement proportionnel au non-sens d'un Mor éblouit par l'intense vérité contenue dans les lignes. Bien que d'aucuns pourraient le penser, Mor n'était pas si bête. Juste toute neuve, sans usage encore, était la mathématique partie de son cerveau inquisiteur. Il entraîna vite celui-ci, à comprendre les complexes concepts exposés de chapitre en chapitre. Il lui fallait maintenant passer à la pratique. Il couru à la piaule de Pascal, un voisin épris de logique et au regard doux qui lui donnait l'air de toujours s'excuser d'être différent. Pascal en possédait plusieurs de ces engins dont parlait l'énorme bouquin quinze fois par pages. La cambuse du doux dingue était encore bien pire que celle de Mor. Pleine de câbles et de tripes de ses machines éventrées éparpillées partout, elle puait la pisse de rat. Pascal disait que c'était à cause des fréquents courts-circuits qui faisait fumer ses bidules. Ouais..! N'empêche que les gens le louchaient de travers pas trop convaincus par l'excuse. Forcément ! Il ne laissait jamais entrer personne, dans son fourbi. Ainsi, quand Mor tambourina son appel à l'aide à sa porte, Pascal lui répondit susurrant doucement par l'entrebâillement : « D'accord, je t'en amène un chez toi, tout de suite », en refermant déjà. Cinq minutes plus tard, il débarquait chez Mor portant dans ses bras, comme un bébé, une étrange machine à calculer et la lui cédant en adoption, équipait à Mor pour la suite de ses projets.


    Ça allait très vite, pas trop mais juste ce qu'il faut. Bientôt, il fut en mesure de faire sa première pratique. Il se mit à taper, de deux doigts frénétiques, sur le clavier de ce piano bizarre. En anglais, bien sûr, parce que le bon Pascal, névrosé nostalgique, avait toujours eu le bourdon du temps où sa grand-mère l'endormait en lui fredonnant des berceuses en anglais. Des comptines, incompréhensibles aux oreilles civilisées, que radotait la vieille à un rythme lancinant de boulier de comptable phénicien. Pas étonnant que Pascal était givré ! Il avait raconté à Mor que la mémère tenait cela d'un temps lointain, opportunément oublié par les uns et perdu dans la nuit des âges pour les autres. Le temps où, encore marmotte et rescapée miraculée d'une horreur sans nom, elle fut adoptée par des américains tellement elle leur faisait peine à voir. Fidèle à la promesse qu'elle s'était faite, le jour du premier mâche-gomme généreusement offert par ses sauveurs alors qu'elle avait faim, et de son premier bout de toit, alors qu'elle avait froid, la grand-mère avait initié à Pascal dès l'enfance, aux mystérieux marmonnements de cette étrange langue. Voila pourquoi, expliquait-il, son engin n'obéissait qu'à ça, à l'anglais. Obstacle de plus que Mor surmonta avec aisance, grâce aux piles de petits magazines que le bougnat planquait partout dans la pension, jusque dans les cabinets. Reader's Digest, clamaient les couvertures de ses petits bouquins mesquins et indigestes puisque personne n'y comprenait rien. Sauf Pascal, évidemment. Au moins, ils avaient des images et l'endroit prêtait à d'autres usages. Mor, fine mouche, leur trouvait enfin un emploi autrement plus utile et noble. D'une pierre deux coups, il apprit ainsi ce diarrhéique langage et à manier l'infernal machin de Pascal.

    Les premiers essais de sa première pratique, fonctionnaient à merveille ce qui, selon Pascal, n'arrivait jamais. Mais, Mor n'allait pas chercher à comprendre pourquoi il était si doué. Ça marchait. Pourquoi s'embêter ? Pascal était masochiste, de toutes façons. Tout le monde le savait, dans la pension. Comme tous les philosophes, il se compliquait trop la vie. Il se l'usait à recommencer des trucs déjà faits, une fois, une autre fois et mille fois plus de fois encore. Il passait ses journées à tapoter son machin en balançant torse et tête d'avant en arrière, comme hypnotisé. Il répétait toujours qu'il fallait faire très gaffe aux spirales infinies. C'était un lunatique, c'est tout. Mor le savait mais ne voulait pas le vexer. Il était très gentil, ne faisait de mal à personne d'autre qu'à lui-même et Mor allait, sûrement, toujours avoir besoin de lui. Les résultats de l'opiniâtre et lassante étude de l'intelligence fabriquée, retranscrits en langage du machin de Pascal, un charabia ésotérique inventé par un scribe fou, dansaient la java sous le regard d'un Mor ébahi. Une valse à trois temps, qui avait mis le temps, que Mor pouvait maintenant, piloter sûr de lui en allant de l'avant. Il n'était déjà plus brèle dans l'art du numérique. Un triomphe de plus à épingler sur la jaquette de sa foncière ténacité. Ce bal de signes bizarres le fascinait alors qu'ils n'étaient pourtant pas très variés. Ce n'était que des chiffres et pas plus que binaires, dans le fond. Une bourrée de uns et de nuls très sophistiqués sous leur allure simplette.

    Inspiré par un souvenir enfoui dans le fatras de sa mémoire, il avait imaginé un projet pragmatique résumant toutes les nouvelles techniques apprises. Quelque temps auparavant, Mor, flâneur comme souvent, vaguait dans les rues du quartier quand il aperçu, oubliée entrouverte, la porte de secours du cinoche miteux. Il s'y faufila dans l'espoir de tuer l'ennui sans avoir à en découdre avec l'ouvreuse qui n'était d'ailleurs pas très joviale, forte de ses cent kilos de certitude fonctionnaire. Le film n'était pas si mal. L'acteur dansait bien. Au ralenti, il esquivait les pruneaux que lui envoyait un impassible méchant, très en froide rogne derrière ses lunettes noires. Les balles aussi, allaient au ralenti sinon le héros n'y aurait pas coupé. On aurait dit Bary, l'immense petit soviétique volant, mais en plus grand, plus lent, plus lourd aussi et surtout plus bête. Il faisait malgré tout, de louables efforts de gracilité acrobatique. Matriche, avait pour titre ce récit des aventures d'un groupe de combattants pour la liberté des êtres humains, esclavagés par un énorme machin à fabriquer leurs rêves, qui les plongeaient dans l'abrutissement le plus complet en les nourrissant, comme à des larves de vers à soie, de doses massives de connes illusions. Les guérilleros du libre-penser se baladaient dans l'éther hallucinogène, distillé par le grand zinzin, grâce au fil du téléphone qu'ils se branchaient à un très vilain boulon vissé dans leurs nuques. Stoïques, ils faisaient fi du douloureux torticolis que, bien évidemment, personne d'autres qu'eux n'était prêt à endurer. De vrais casse-cous, qu'ils étaient. Ça faisait mal rien que de les voir. Surtout à Mor, qui se ressentait toujours d'une profonde, ancienne et grave blessure au même endroit, souvenir d'une guerre mal payée, menée pour des prunes, où personne n'y avait jamais récolté autre chose. Un intense conflit, dans une région aux confins du lointain, le Bout, dont il s'était vu engagé à défendre les braves boutons, ses habitants rebellés contre la fermeture clairement inique de toutes leurs mosquées par la tyrannie de leurs voisins infidèles. Mor comme un bleu y était allé. On ne l'y reprendrait plus, se jurait-il tous les matins, midis et soirs, emplâtré de haut en bas durant des mois.
   
    Ainsi, Mor avait décidé de servir sur un plateau, à l'humanité, le plus utile programme de lavage de cerveau jamais conçu. La machine à laver la honte de n'être que des fourmis alimentaires pour le grand tamandua caché dans les frondaisons du monde. La crasse de la raison, c'est la connerie, c'est bien connu. C'était par là qu'il fallait commencer. De plus, cela tombait très à propos pour qu'il puisse tenter de sauver la face devant le sorcier des chiffres et des lettres. Tout bénéfice ! La contre-offensive contre les magouilles de la Matriche, qui n'était malheureusement pas une simple fantaisie du cinéma de Californie, ainsi que l'opération ablative de la crétinerie de Mor, débutaient. Il écrivit d'une traite la complexe liste d'instructions machinistes.


/* connerieMatriche 0.1a ; GnouNU license ; developed on Pascal Machin by Mor Aucon ; granted to ONG : Save The Cons ; dedicated to Pascal */

var connerie = getUserConnerie();
var rightEye = true;
var leftEye = true;

function connerieControl( rightEye, leftEye ) {
 /* right eye opened and letf eye closed increment connerie */
 if ( rightEye && !leftEye ) {
  /* allow potentially infinite connerie */
  while( rightEye ) connerie++ ;
 }
 /* left eye opened and right eye closed decrease connerie */
 else if ( leftEye && !rightEye ) {
  while( leftEye ) connerie-- ;
   /* avoid serious problem with negative connerie */ 
   if ( connerie < 1 )exitFromConnerieMatriche('urgent', 'mayday');
 }
 /* allow to stabilize connerie opening both eyes */
 else if ( rightEye && leftEye ){
  exitFromConnerieMatriche('cool' , 'no fire');
 }
 /* go to dodo if no eyes opened */
 else sleep();
}
/*__________________________________________________________*/


    Mor devait mettre à l'abri, sain et sauf, tout ce compliqué calcul et obéir ainsi, aux très sages conseils de son généreux voisin qui lui avait même fait cadeau d'une clef n'ouvrant aucune porte mais qui pourtant, avait tout l'air d'un porte-clefs. Prenant garde de ne pas la tourner, comme le lui avait vivement conseillé ce bon et brave Pascal, il introduisit fermement la clef dans une fente du derrière de la bécane puis, après une légère hésitation, enfonça le gros bouton du devant qui avait l'air de n'attendre que cela. Le code, maintenant cloné dans la clef, n'avait pas disparu de l'écran. Incroyable ! Quel engin, ce machin de Pascal ! Le porte-clefs trimballait désormais, la clef des champs de la connaissance dont la barrière, constamment obstruée par l'universelle connerie, était d'ores et déjà libre d'être enfoncée par les amants de la liberté.





    Mais un doute assaillit Mor. Comment démontrer toute l'efficacité de cette géniale recette contre la stupidité ? Il lorgnait, penché à sa fenêtre étriquée, vers les chats de la cour exiguë qui, miracle de l'architecture panaméenne, guidait le passage de la lumière blafarde du jour s'infiltrant par le haut de l'âme du vieil édifice grisâtre. Les esquifs félins y chassaient le rat entre les poubelles débordantes et les linges tendus comme autant de témoignages de la propreté, le plus souvent douteuse quand on y regardait bien, de l'intimité de leurs propriétaires. Il se ravisa immédiatement, penaud d'avoir pu concevoir le lâche projet de torturer ces fiers et indépendants matous, à la manière de cobayes quelconques ou, plus grave encore, de souris. De toutes façons, il n'y a aucune connerie dans la tête d'un chat de gouttière. Ils n'en ont pas besoin puisqu'ils n'ont pas de connaissances, juste un savoir-faire qui leur suffit amplement pour régler leurs affaires. Ils ne pouvaient donc, même pas servir à l'expérience de la nouvelle science acquise par Mor. Honteux d'avoir pu nourrir de telles intentions tortionnaires, il décida d'offrir sa propre et bien-aimée intégrité corporelle sur l'autel du salut humanitaire. Debout, face au minuscule lavabo, il se défiait, le regard rivé dans les yeux grands ouverts reflétés dans le petit miroir fêlé qui pendait de travers, d'une cordelette clouée au mur. Retenant le souffle, il se préparait à un altruiste geste que ne renierait certainement pas, l'autrichien fou qui avait voulu soigner à ses pareillement fous, congénères. À voix haute, il commença à compter : « À la une... ! À la deux... ! À la... » et se planta d'un geste vif, précis et de défi à sa lâcheté, la clef dans la vieille et pourtant jamais cicatrisée, blessure gagnée à la guerre des boutons. L'estocade lui tétanisa la nuque. 

    Il dû se forcer à ne pas fermer les yeux. Il les écarquillait de la base du nez jusqu'à la ligne de cheveux tout en se mordant les lèvres jusqu'au sang pour ne pas hurler. « Dur !  Très dure, cette expérience mentale ! ». La plaintive pensée jaillit de sa cervelle submergée par la douleur. Il en avait vu d'autres mais celle-ci était très raide. Coriace, même. Néanmoins, il parvenait peu à peu à dompter ses nerfs tétanisés qui transportaient par vagues successives, la torture de sa nuque à son corps tout entier. Il en raidissait les doigts de pieds comme si, se faisant, il pouvait en faire jaillir le tourment qui le meurtrissait. 

    Il se souvint alors de la figure ronde et joviale, toujours souriante, d'un bien nourri gourou indien. Il était devenu très riche grâce aux leçons, de libération de l'esprit des contraintes du corps matériel, qu'il donnait à qui voulait bien l'aider. Les élèves s'allégeaient de leurs pesanteurs en les refilant au guide spirituel qui lui, savait très bien les gérer. Ils retournaient chez eux, amincis et très heureux de ne plus avoir de quoi se tracasser. Mor n'était jamais parvenu à se faire accepter en tant que disciple car il n'avait pas assez de poids encombrants entre les mains, ni dans les poches. Il avait donc espionné, caché entre les palétuviers, quelques unes des leçons imparties par ce grand sage, bienfaiteur de l'humanité. Assis, les jambes bizarrement emmêlées, son sempiternel et impassible sourire subjuguant l'assemblée, il énonçait rythmiquement mystique : « Dite-moi quel est votre besoin, je vous apprendrai à vous en passer ! ».  Cette sainte maxime, que Mor avait très bien compris, signifiait qu'il fallait oublier sa peine. « J'y pense puis j'oublie » disait une version de chez nous, pas aussi profonde que celle du maître à ne pas penser, mais qui donnait du baume au cœur, des fois. Ainsi, Mor réussit à oublier le douloureux supplice qui, comme par miracle, s'en alla comme il était venu. Le moment de tester son numérique ouvrage, était arrivé.


    Il décida de commencer les essais par le décrément de la variable, l'incrément lui paraissant trop dangereux. Pascal avait peut-être l'air un peu paranoïaque mais il n'était pas question de faire fi de ses avertissements. Une simple erreur, toujours possible, et Mor se retrouverai au sommet de la pyramide des cons pour toujours. Ce n'était pas un risque qu'il pouvait assumer. Probablement, il ne pourrait plus engager la procédure inverse, il serait devenu trop nul et ne saurait plus comment descendre les traverses de l'échelle des idiots. Sûr de son choix, il inspira un grand coup et sans écouter plus longtemps sa lâche prudence, ferma l’œil droit. Un tourbillon vertigineux s'empara de ses méninges qui tournaient et retournaient comme le carrousel des Buttes-Chaumont. Le code lui tournait la tête, c'était le manège à Mor mais ce n'était pas une fête. Mor réalisa soudain, au milieu du vertige, que quelque chose clochait. Il se sentait englouti, happé par le tourbillon qui aspirait toute sa connerie. Le seuil de la variable s'approchait à toute vitesse comme le sol aux yeux effarés d'un parachutiste malchanceux, victime de la distraction lors du pliage de sa voile. Son intuition lui disait que cela ne pouvait être bon. Personne ne savait ce qu'était l'absence totale de bêtise. Tout le monde en avait un peu. Alors, une valeur négative de cette qualité universelle ne pouvait exister. Très con, tout le monde sait ce que c'est ; moins con qu'un autre, aussi ; pas con du tout, c'est douteux mais possible ; par contre, moins con que pas du tout con, c'est impossible ! Cela ne peut être viable, c'est illogique et ne peut exister. Qu'allait-il se passer ? se demandait Mor, effrayé, de plus en plus lucide puisque de moins en moins bête. « C'est dur de mourir bêtement intelligent ! » se surprit-il à s'exclamer dans un sursaut de sarcasme cynique. « Réagi, merde ! T'es pas Mor pour rien ! », qu'il s'ordonna atterré à l'idée d'être le premier à franchir le seuil fatidique. Dans un dernier réflexe de survie, Mor arracha d'un brusque coup la clef. Soudain, l'accalmie l'emporta sur la tempête comme le souffle sur le lait bouillant qui voudrait se sauver. Une embellie sereine régnait partout en lui et le baignait d'une lumière douce, paisible et rassurante. Il l'avait échappé belle, et une fois de plus grâce à Pascal. Il lui devait une fière chandelle et s'en rappellerait pour Noël. Peut-être lui offrirait-il un disque de comptines américaines. Enfin, il verrait bien. Pour l'instant, il avait mieux à faire. Il lui fallait remplir le trou béant laissé, dans son esprit, par les bêtises évacuées.


    Mor, dorénavant plus éclairé que jamais, sentait la puissance de la raison battre entre ses tempes. Une force imparable l'habitait. Libre de sa connerie, évaporée celle-ci, la bêtise sottement commise était réparée. Transformée en avantage, elle n'était plus qu'un mauvais souvenir. Il ne lui restait plus qu'à remercier chaleureusement à Pascal et à se mettre en route vers le pré aux duels. Il allait voir ce qu'il allait voir, le Maître ès-arts numériques !


Mor Aucon.

9 commentaires:

  1. la vie n'est bonne qu'à étudier et à enseigner les mathématiques.

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  2. annemasoeurann25 juin 2011 à 14:00

    C'est Pascal;Non l'autre....

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  3. M, Mlle ou Mme Anonyme,
    Il est douteux, bien que l'on puisse vous le concéder, que la vie soit bonne. Toutefois et le cas échéant, ce ne pourrait constituer une motivation légitime pour en assaillir le volatile plumeau. Merci à vous, d'avoir dénoncé que les grecs ont été renvoyés à leurs propres calendes. Vous êtes très juste. Mathématiques et Philosophie sont les testicules de la raison.
    Mor.

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  4. annemasoeurann,
    Qui voyez-vous venir ? Mor n'y pige pas plus que pas grand-chose. Est-ce Blaise, celui qui touche à l'autre ?
    Mor, fondu.

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  5. Bon, ce n'est pas le tout de sainement délirer. Des fois, il faut se fâcher comme le fait celui-ci.

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  6. Annemasoeurann25 juin 2011 à 20:46

    Annemasoeurann et anonyme ne font qu'un...Ou plutôt qu'une....Mais anne et sa soeur sont plus douées en mathématique qu'en informatique...HIC!!!le post est parti un peu vite sans speudo annoncé...Désolée...

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  7. Que Billy Laporte vous pardonne ce qui le concerne, pour la part de Mor vous l'êtes. Il n'y a que les fous qui comprennent quelque chose à ces machins. Mor aurait dû se rendre compte qu'il y avait un Hic entre vos deux messages.
    Mor, con, fondu.

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  8. Le sujet abordé et la qualité de l'écriture me font penser à un autre des mes "favoris " dont le pseudo commence par "z"

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Allez-y sans peur de reproches.